RETROUVER SA DIGNITÉ
Marie-Rose, 62 ans - alcool et tabac
Mon beau-fils m’impressionne autant que sa cave à vin. Dans sa famille, on sirote les grands crus, moi je me jette dessus.
Je suis franche quand j’ai bu, surtout si je me sens rabaissée. Et c’est toujours le cas avec ces gens-là: ils sont si polis, si parfaits, si propres sur eux. A Noël, ça n’a pas raté, je les ai traités de gros bourges coincés de la raie, alors qu’ils m’avaient invitée sans y être obligés. Ma fille ne savait plus où se mettre. Elle a eu honte de sa mère. Et ça ne devait sûrement pas être la première fois. J’ai eu mal à hurler, ça m’a dessaoulée d’un coup. Je me suis alors fait une promesse, pas question que je la perde, ni qu’elle souffre encore de mes excès. Et, je n’allais pas non plus boire de l’eau jusqu’à la fin de mes jours. L’abstinence pure et dure… très peu pour moi.
On m’avait parlé des groupes ADDICT.
J’y suis allée, j’ai essayé et je me suis accrochée.
La consommation consciente m’a aidée à me laver des moments de honte accumulés depuis des années. Je me suis sentie mieux de plus en plus souvent. Et, ça a révélé sous un meilleur jour celle que je suis. Un drôle de numéro, tantôt distinguée
(je ne le savais pas du tout), tantôt pochtronne (je ne le savais que trop). Je suis devenue de moins en moins pochtronne et de plus en plus “présentable et fréquentable”. J’ai aussi perdu l’envie d’avoir une haleine de vieux cendrier.
Et le Noël suivant est arrivé. J’ai siroté en tout et pour tout, 4 verres de très bon vin, en bavardant gaiement sans fumer. Je tournais ma langue 7 fois dans ma bouche avant de parler et je les écoutais plus attentivement. Je les ai trouvés très simples finalement.
En fin de soirée, ils m’ont remerciée pour ma présence chaleureuse si agréable ! Je ne savais pas trop si c’était du lard ou du cochon, jusqu’au moment où j’ai vu la fierté briller dans les yeux de ma fille. Alors, j’ai su sans hésitation possible, que ma dignité était retrouvée.